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Interview

«Il y a une féminisation précoce des fillettes»

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Catherine Monnot, anthropologue et chercheure, examine l’amendement, voté par le Sénat il y a une semaine, interdisant les concours de mini-miss :
publié le 24 septembre 2013 à 23h06

Mini-miss, maxi-débat ? Voilà des mois en tout cas que la centriste Chantal Jouanno souhaitait qu’on les envoie se rhabiller et se débarbouiller. Elle vient de remporter un premier round en faisant voter au Sénat un amendement interdisant les concours de beauté aux moins de 16 ans, lors de l’étude du projet de loi sur l’égalité homme-femme. Et gare aux organisateurs de galas qui tiendraient tête. Le texte prévoit une sanction de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Pliée l’affaire ? Pas si vite.

A en croire la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, un tel amendement pourrait ne pas passer la barre du Conseil constitutionnel, car un tantinet disproportionné. La ministre propose, elle, un encadrement de ces concours, avec demande d'autorisation préalable des organisateurs. L'occasion de vérifier la blancheur de leur CV et le contenu de leur défilé. «La liberté est la règle. Mais, quand il s'agit de livrer au regard du public des jeunes filles de moins de 13 ans, il faut prendre des précautions.» La balle sera en décembre dans le camp des députés. Et déjà le Collectif des mamans des mini-miss en colère gronde. Beaucoup de bruit pour rien ? Que nenni, assure l'anthropologue Catherine Monnot, chercheure associée au Lisst-Cas (1), qui, en cette rentrée, publie une nouvelle édition de Petites Filles, l'apprentissage de la féminité. Ou une passionnante plongée dans les mutations complexes d'une nouvelle génération de jeunettes.

Vouloir interdire les concours de mini-miss, n’est-ce pas exagéré, voire cosmétique ?

Ces con