Cela faisait quelques semaines que nous ruminions l’escapade. Deux jours en Catalogne avec des copains. Le rendez-vous avait été fixé la veille au soir à Pézenas, pour filer le lendemain en Espagne, et ce premier dîner fut grandiose. Nous avons été reçus par un drôle de garçon, Bruno, tout en sensibilité culinaire et connaissance encyclopédique des vins. Le repas avait commencé avec une sorte de millefeuille de pomme et d’andouille de Vire, alternance de tranches fines et arrondies. Deux longues lamelles de parmigiano reggiano affiné trente mois étaient posées, perpendiculaires, au-dessus, comme un rotor et ses pales, arrosées d’une vinaigrette de noisette. Un régal. La pomme donnait le croquant et l’acidulé. L’andouille le gras et le fondant. Un vino spumante de Campanie, Feudi di San Gregorio, cépage greco, accompagnait cela.
Plusieurs plats suivirent. Notamment des spaghettis à l’encre de seiche dans lesquelles je me plongerai la semaine prochaine, car elles étaient accompagnées d’un blanc intéressant dont le vigneron était à table. Puis vinrent des côtelettes d’agneau du pays Cathare, avec des fleurs et de jeunes légumes, carotte jaune, radis redmint, artichauts poivrade du Roussillon, haricots gourmands, ail nouveau. Et une divine crème d’artichaut à la truffe blanche. Bruno avait prévu un vin australien, The Steading 2002 de la maison Torbreck, qui vient de perdre la majorité de son capital, mangé par ses investisseurs. Las, la bouteille était légèrement bouchonnée. Qua