C’est une petite adresse pour les besoins de douceur, de bons poissons crus. S’installer sur un tabouret, regarder Christian cuisiner en commençant à déguster le vin. Christian a travaillé dans l’urbanisme, les quartiers Nord de Marseille notamment. Il s’est passionné, puis découragé en voyant que le fonctionnement ne suivait pas, que l’on n’accompagnait pas les projets qui se mettaient en place. Lassé de cette impression de ne servir à rien, il a voyagé, appris la cuisine japonaise à Los Angeles, et sait très bien marier les vins à ses plats. Et il a ouvert le Sushiqui, ce minuscule restaurant entre Camas et Chave, un coin de Marseille où les platanes transforment l’âme d’une ville minérale. Une seule table, pour huit ou dix personnes, et quatre tabourets devant sa cuisine, c’est tout.
Souvent, comme je le laisse décider du repas, il commence par une huître ou deux. Des Bouzigues, mais la préparation vient tempérer l'agressivité iodée de l'étang de Thau. Elles sont posées sur des algues (wakame, agar, nori), arrosées de yuzu (un agrume japonais), d'une belle huile d'olive et de vrai wasabi (la tige de la racine râpée, pas la racine hors de prix). Il faut avaler le tout d'un bloc et cela fait comme une fusée à plusieurs étages ou un petit feu d'artifice dans la bouche. Là-dessus, un blanc sicilien, cépage grillo, du domaine Valdibella (2012). Une coopérative montée voilà une quinzaine d'années par des agriculteurs qui partageaient des valeurs et l'envie de produire à la fois