La banlieue a son flow. Tema, elle penave à sa manière, avec des mots qui déboulent, d’autres qui s’arrachent, depuis toujours. Et c’est michto, parce que les raclos et les raclies du tiekson se comprennent et que certains mots squattent le Petit Robert. (1)
Des blousons noirs des sixties aux baggys en passant par la génération «funk et Tacchini», toutes les tribus de la périphérie ont toujours excellé dans la joute verbale, cette intelligence de l’instinct.
Lisières. Jongler avec les mots - en une sorte de cocktail qui mixe argot, verlan, racines du bled (Maghreb ou Afrique subsaharienne) et manouche - se conjugue comme un sport national. La punchline est partout aux lisières de la ville : dans les lyrics rap, dans l'insulte, dans les vannes qui irriguent le quotidien. Et le langage - comme le reste - transperce les frontières invisibles (le verlan et l'arabe ont plus la cote que le manouche). Une aubaine pour le gosse de l'au-delà. L'humeur change en même temps que l'arrivée des premiers boutons d'acné. Rien de tel qu'un nouveau flow ou de nouvelles sapes pour accompagner la mutation - fugace ou durable. Mais l'ado du centre-ville n'est pas le seul touché. Les darons aussi, ou des urbains actifs qui s'essaient à l'idiome des quartiers, sans toujours en maîtriser les codes ni la musicalité. Bref, cette novlangue des faubourgs s'est propagée partout en ville sans faire de bruit.
Définitions. Certains en