En faire le moins possible en attendant la retraite. S’adonner aux grasses matinées, toute la journée. Buller, autant que faire se peut, en laissant les autres s’agiter. C’est la règle de vie du paresseux. Un nuisible aux yeux de ceux qui voudraient lui botter le train ; un rebelle en lutte contre les cadences infernales pour ceux qui rêvent de l’imiter.
Il existe des vertus à paresser, soutient l'historien André Rauch qui y consacre un ouvrage, Paresse, histoire d'un péché capital (1). Pour décrypter ses représentations dans l'art, la littérature, bref, dans nos imaginaires, l'auteur n'a pas ménagé ses efforts. L'entreprise était risquée : «mentionner une thèse sur la paresse dans son CV n'aide pas à obtenir immédiatement un poste universitaire», souligne André Rauch. C'est un tort car le sujet ne recouvre pas un état futile et univoque, vite brossé, bien au contraire. Oisiveté, nonchalance, indolence, langueur… la paresse est tout cela à la fois. Pas seulement «l'oreiller du diable», un péché majeur, mais peut-être aussi un trait de caractère, une faute morale, voire une souffrance intérieure.
Epuisant ? Tel Alexandre le Bienheureux s'adressant à son fidèle compagnon, offrons-nous une petite pause :«Bouge pas comme ça, chien, tu me fatigues. […] Tiens, je m'en roule une, puis je vais me la faire moi-même, puis je vais prendre le temps de me la faire, puis je vais prendre le temps de me la fumer, puis je vais prendre le temps d'en profiter, et p