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Il fit passer la pilule...

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Lucien Neuwirth est mort dans la nuit de lundi à mardi. En 1967, ce gaulliste féministe réussit à faire voter une loi autorisant la contraception orale.
Lucien Neuwirth le 11 mai 1973 à l'Assemblée nationale. (Photo AFP)
publié le 26 novembre 2013 à 19h16

«J'ai tout entendu», avait-il pudiquement résumé, quelques années après avoir porté le combat pour la légalisation de la pilule. Les quolibets comme «fossoyeur de la France» ou «assassin d'enfants» ne retentiront plus dans la mémoire de Lucien Neuwirth. Dans la nuit de lundi à mardi, ce gaulliste historique, qui répondait au doux sobriquet de «Lulu la pilule», s'est éteint à 89 ans.

Bien sûr, les hommages ont plu (le président de la République, le Planning familial, la ministre de la Santé, celle des Droits des femmes…). Comment ne pas saluer un homme qui libéra la sexualité des femmes, jusque-là suspendues au risque de grossesses non désirées ? Comment ne pas faire chapeau bas devant les combats d'un humaniste qui se bagarra encore à 71 ans pour faire passer une loi ouvrant le droit à des soins palliatifs ? Comment ne pas s'incliner devant un éternel boxeur, qui ressortit encore les gants en 2000, à 76 ans, pour défendre comme rapporteur la pilule du lendemain ? Ce qui lui valut de nouvelles salves d'insultes qu'il préféra vivre comme un «coup de jeune».

Médaille des évadés. Lucien Neuwirth, c'est l'histoire d'un pionnier. A 16 ans, ce fils d'artisans fourreurs stéphanois entre dans la Résistance. Le 18 juin 1940, il entend de Gaulle à la TSF. Sa mère commente : «C'est lui qui a raison.» Il fonce. Prison en Espagne, séjour à Londres dans les Forces françaises libres, blessure grave.