Non mais dicton, ce serait pas le jour pour en parler ? Mais si. En ce 29 novembre («neige le jour de Saint-Saturnin, c'est de l'eau pour le moulin») il est grand temps de rendre hommage à une fort belle somme : 1 050 pages sur papier bible de… dictons. Appelons un «chat un chat», il s'agit là d'une recension inégalée, réalisée par le Dr ès lettres Agnès Pierron, qui s'est plue à les classer, contextualiser, décortiquer (1).
Au finale, une plongée dans un patrimoine linguistique construit depuis l'an mil, transmis de bouche à oreille avant d'être couché dans des almanachs. Leur signature ? Une économie de mots («c'est la précision qui fait le dicton»). Leur fonction ? Servir de «maison de mots où habiter ensemble», comme l'a joliment résumé l'écrivain Michel Tournier. Et ce, en rythmant le temps et les saisons («décembre trop beau, été dans l'eau»), en régissant les maux du corps («trop gratter cuit, trop parler nuit»), en accompagnant des premiers jours à la mort («tant que tu riras, tu ne mourras pas»).
Mais, au fond, comme le revendique Agnès Pierron, un dicton se résume surtout «à une formulette pour éviter de parler de soi ou de poser des questions [exemple : "Cheveu fin, cheveu malin"].» Et il s'agirait surtout de «prêts-à-porter de la langue» des plus utiles quand on n'a rien à dire, mais qu'on cherche la rime. Alors, «c'est parti mon kiki».
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