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Bintje drinking

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Tu mitonnes ! Chaque jeudi, passage en cuisine et réveil des papilles. Cette semaine, gueule de bois et patates farcies.
publié le 11 décembre 2013 à 17h56

Ce n’est pas tous les jours qu’on farcit une pomme de terre. Il faut de préférence un lendemain de gueuserie houblonnée ou maltée avec distillation prolongée sur le canapé fatigué où chacun bivouaque avec son Destop perso pour gueule de bois (GDB), qui va du jus de radis noir au coca en passant par d’énigmatiques potions d’apothicaires. Un de ces petits matins pâles comme un cul de séminariste ; grognon comme un loufiat du dimanche soir qui pousse, devant lui, une entrecôte de vache psychotique décongelée assortie d’une poignée de frites molles comme une érection de grand électeur.

On met alors le cap sur la cuisine-cagibi aussi balourd qu’un Panzer dans une ruelle de Bangui ; des mètres de Jack Daniel’s et de Picon-bière n’en finissent pas de défiler sous nos chenilles. Le dosage du café prend des allures de concours général en mathématiques tellement on est congestionné du bulbe, alors on compte à haute voix les cuillères, histoire de fabriquer un jus de caserne à réveiller tout un régiment de hussards casqués. Même le ronflement de la cafetière est un supplice. Une première gorgée de grand noir et, allez savoir pourquoi, on songe à Noël prochain comme au bûcher de Jeanne d’Arc. Nous aussi on aimerait entendre des voix mais, cette fois-ci, ce serait pour échapper à la bûche.

Postcombustion. Y a pas de miracle. Pour sûr, faut qu'on prenne le frais quand on décabane ainsi. C'est pas encore Alzheimer ou Parkinson, mais il faut que Boudu se