Menu
Libération
décryptage

Au nom du père ou de la mère

Article réservé aux abonnés
Fini le patronyme et vive la liberté à l’état civil . Pourtant, la primauté de la lignée paternelle reste prépondérante.
publié le 15 décembre 2013 à 18h36

Et toi, comment tu t'appelles ? Longtemps cadenassé, l'état civil se libère de plus en plus. On peut presque faire ce que l'on veut avec les prénoms et on peut choisir de transmettre le nom de famille de la mère. Le mouvement est général en Europe : «Ça bouge de partout, sous l'impulsion de l'Union européenne qui insuffle des politiques d'égalité entre les pères et les mères», notent les sociologues Virginie Descoutures et Baptiste Coulmont, qui organisaient la semaine dernière à l'Institut national d'études démographiques (Ined) un colloque sur le thème : «Noms et prénoms, établir l'identité dans l'empire du choix». Ironiques, les chercheurs soulignent que cette apparence de libertés nouvelles cache toujours des enjeux de domination. Et, dans cette «hiérarchie de l'intime», le féminin l'emporte rarement. Il n'y a pas si longtemps, un slogan féministe affirmait : «Le privé est politique.» Toujours vrai. Démonstration.

Patronyme, matronyme ou nom de famille ?

On ne parle plus de «patronyme» depuis la loi du 4 mars 2002 (entrée en vigueur en 2005), mais de «nom de famille». On a également jeté aux oubliettes les «chefs de famille» et les «noms de jeune fille». Des termes qui portaient clairement l'empreinte des maris et des pères. Dans les usages, c'est une autre affaire. Souvent insidieuse. 95% des femmes mariées adoptent le nom de leur époux. Pourtant, le mariage ne le leur impose pas. «Depuis le 6 fructidor an II, donc depuis la Révolution, rappelle Camille Masclet, sociologue à