C'est un de ces souvenirs qu'on se garde pour l'hiver, quand la photosynthèse commence à patiner. Rangé dans une petite case de la mémoire, sous un tuba et des palmes, un dimanche du début d'automne. Des amis étaient venus goûter à Marseille les dernières lumières de cet été indien qui n'existe pas que dans le nord de l'Amérique, contrairement à ce qu'indiquait au XXe siècle le philosophe Joe Dassin. Nous avions marché pour rejoindre une crique protégée. Dans les sacs, du poulet portugais, préparé par une maison marseillaise (1) qui vous ouvre la bête en deux (après son décès) et la badigeonne d'une préparation alcoolisée, avant de la braiser. C'est divin. Les volatiles étaient encore chauds, et on transportait le vin à part pour éviter qu'il ne se réchauffe.
Un «simple» vin de France d'Elodie Balme (Vaucluse). Son père avait créé un petit domaine, raisin, asperges, cerises… Avec les bénéfices, il a acheté de la vigne, avant de récupérer celles de la belle-famille (26 hectares au total). Il livrait des coopératives, ne vinifiait pas. Elodie a toujours su qu'elle travaillerait dans cet univers, sans penser faire du vin. Mais après deux ans d'école de commerce et un stage dans un domaine, elle a eu besoin de comprendre pour vendre, a fait «viti-oeno» en alternance, et s'est retrouvée chez Marcel Richaud, vigneron fêtard et passionné. Elle a commencé avec 3,5 hectares, en exploite 14 aujourd'hui. Avec son père, ils vendangent séparément, lui à la machine, elle à la ma