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portrait

Pierrette Trichet, gardienne du temple

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Fille de viticulteur passée par la biochimie, cette Gersoise de 60 ans est la première femme maître de chai à Cognac.
publié le 23 décembre 2013 à 17h06

Pas sûr que Pierrette Trichet soit apparue sur nos radars si deux événements consécutifs d'apparence anodins n'avaient attiré notre attention. D'abord le film le Majordome, sorti en septembre, qui porte à l'écran l'histoire vraie du majordome noir ayant servi sept présidents à la Maison Blanche, d'Eisenhower à Reagan. Lors de son entretien d'embauche avec l'équivalent du DRH de l'époque, l'affaire est mal emmanchée quand il lorgne soudain une bouteille sur le bureau et qu'il ose un «est-ce un Louis XIII ?». La pertinence de la question va tout simplement emporter la décision. Et puis quelques semaines plus tard, un badin communiqué de presse invitant à la dégustation de la cuvée Rare Cask 42.6, un cognac Louis XIII de la maison Rémy Martin. La bouteille est vendue 18 000 euros. Ce qui met le verre de 2 centilitres à 1 800 euros. Que les maladroits s'évitent la tremblote !

La chose n’existe qu’en 738 exemplaires numérotés. C’est un assemblage de plus de 1 200 eaux-de-vie dont les plus jeunes ont 40 ans et les plus anciennes plus de 100. Quatre générations seulement de maîtres de chai ont été nécessaires pour construire cette cathédrale toujours inachevée dont Pierrette Trichet est la chef de chantier.

Direction Cognac. Ici, on ne fait pas dans le m'as-tu-vu. Petite plaque «Rémy Martin» guère plus grande que celle de votre médecin, bois blond, pierres, lumière tamisée. On parle doucement dans les couloirs, sans doute pour éviter les mauvaises vibrations. Patric