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Libération
reportage

A Lyon, une consultation pour traquer les tumeurs du travail

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L’origine professionnelle de la maladie est souvent «sous-diagnostiquée».
Au centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard de Lyon, le 31 janvier. Le docteur Béatrice Fervers reçoit Annie, 53 ans, à qui on a diagnostiqué un cancer des poumons en lien avec son travail. (Photo Sébastien Erôme. Signatures)
publié le 3 février 2014 à 20h16

C'est une belle femme, qui confesse «avoir du mal à parler». Elle est venue accompagnée de son mari, Alain, qui l'épaule et complète ses phrases quand elle cherche ses mots. Annie a 53 ans et elle raconte. Le travail à l'usine qu'elle a commencé à 16 ans. Elle décrit les joints «rouges avec des filaments blancs» qu'elle insérait au début de sa carrière sur des presse-étoupe, ces pièces métalliques qui isolent les câbles électriques. Comment elle les collait avec ses pouces. Comment ses mains devenaient «toutes blanches» à force de les manipuler sans gants. Pendant quinze ans, Annie a été en contact avec ces joints d'étanchéité en amiante. En septembre, alors qu'elle n'a jamais fumé et qu'elle est sportive, on lui diagnostique un cancer des poumons. Assise derrière son bureau, le docteur Béatrice Fervers, oncologue, écoute et interroge. Ici, pas d'auscultation, juste des questions. «Quelles sont les autres postes que vous avez occupés ?» «Quelles autres substances avez-vous manipulées ?» «Décrivez-moi les tâches effectuées.»

«Réflexe». Voilà bientôt quatre ans que le centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard, à Lyon, a instauré une consultation dédiée aux «cancers professionnels». Une première en France. Trois fois par semaine, les docteurs Béatrice Fervers et Barbara Charbotel reçoivent des patients traités au centre ou adressés par leur médecin afin de déterminer si leur maladie a un lien avec leur