Menu
Libération

Le beaujolais n’a plus la cote dans le Rhône

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mars 2014 à 17h06

C'était au début des années 2000. Voulant faire découvrir à un Parisien fraîchement débarqué les douceurs de la capitale des Gaules et du gras-double réunis, un collègue m'invite un midi au Garet, bouchon réputé, derrière l'Opéra de Lyon. Il prend en entrée une tête de veau (si, si), j'opte pour une salade de lentilles et museau. Le garçon revient et dépose d'un geste précieux une assiette contenant une vingtaine de lentilles surmontées d'une lamelle d'oignon. Mon compagnon de table me dit juste «bon appétit». Je compte rapidement les lentilles, puis je me retourne pour lui demander s'il se fout de ma hure. C'est alors que j'aperçois trois têtes dans l'entrebâillement de la porte de la cuisine. Le chef, sa femme et le serveur, hilares. «C'est de la nouvelle cuisine ici !» me lance le patron, avant de m'apporter un saladier de lentilles et cochonneries. Le Lyonnais est souvent potache.

Un peu plus tôt, le serveur avait demandé, d'un ton n'envisageant aucun refus : «Un pot de côte ?» Il pose une de ces bouteilles lyonnaises (lire ci-contre) dont le fond épais lui permet de rester en équilibre sur les terrains de boule lyonnaise. Je goûte un vin très ordinaire. Du tanin, pas de saveur. Et découvre que l'on ne boit quasiment que du côtes-du-rhône à Lyon. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le pot de beaujolais était pourtant sur toutes les tables. On disait même qu'il coulait à Lyon trois fleuves, le Rhône, la Saône et le beaujolais…

Mais les vignerons d