Des piles de bobines de fils de toutes les couleurs, franches ou douces comme de la soie. Du fil simple, mais aussi du fil mousse pour que les coutures caressent le corps. Des rouleaux de tissus de lycra, tulle, jersey. Des élastiques, satinés ou mats, dont on fait des bretelles ou la basque qui soutient les seins. Des agrafes. Des baleines. Des rubans. Des centaines de petits nœuds, blanc, chair, rose, noir qui attendent de venir se nicher au creux de la gorge. Où le regard, souvent, se pose.A Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, siège le groupe DBA, leader français du sous-vêtement, avec une foultitude de marques comme Dim, Wonderbra et Playtex (contraction de Play et de latex).
Prototypes. Dans une vaste pièce qui tient d'un paquebot nommé désir, au huitième étage avec vue sur la Seine, on coupe, on assemble, on pique : on fabrique les prototypes des soutiens-gorge (et culottes) des saisons à venir. «C'est le sein des seins», ose la facétieuse designer Ana Dudillieu, 46 ans. La boutade est aisée, mais pour une fois appropriée. Dans cet atelier, six couturières s'affairent derrière des surjeteuses, desmachines à deux aiguilles ou à faire des zigzags, en plein anniversaire : l'iconique Cœur croisé a 60 ans.
Et ça, c’est pas rien pour un soutien-gorge qui peut se vanter d’avoir porté haut (et bien en avant) les célèbres seins de Jane Russell (au moins un bonnet E), mais aussi ceux de Stéphanie Seymour, Helena Christensen ou Di