La semaine dernière, je me suis fait engueuler. Deux pages ici étaient consacrées au salon qu'organisait à Paris le magazine le Rouge et le Blanc, et une collègue m'a demandé : «Et le rosé ?» Ben quoi, le rosé ? Elle déplorait que je n'en parle pas, arguait qu'il s'en boit de plus en plus, que le rosé inonde Paris. Une quasi-faute professionnelle. Je lui ai expliqué que souvent, le rosé reste assez loin de ce que j'aime dans le vin. Le fruit et la terre, sans trop d'intermédiaires - à part le vigneron. Je lui ai rappelé les cuvées chimiques et soufrées, les maux de crâne terribles le lendemain.
Puis, en chroniqueur opiniâtre, sur-mesure, je me suis intéressé à un rosé. Mais pas n’importe lequel. Une cuvée 2013 de la famille Thymiopoulos, dans le nord de la Macédoine (Grèce). Leurs vignes sont toutes plantées en xinomavro, cépage cousin du nebbiolo piémontais donnant des vins aux robes pâles, lumineuses. En rouge, cela peut pinoter en prenant de l’âge, puis prendre des arômes de truffe, d’épices. Leur rosé est très droit, minéral, vineux, sans écœurement.
La famille a longtemps travaillé ses 23 hectares en donnant le raisin à la cave coopérative ainsi qu’à une grande maison de négoce, Boutari, qui a relancé l’appellation locale (Naoussa). Puis Apostole, 35 ans, a pris le sillon du père, sans suivre la doctrine familiale. Après des études d’œnologie à Athènes, il a commencé à vinifier un premier rouge, «Terre et Ciel», belle cuvée bio de vieilles vignes. Puis i