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Libération

Et au détour d’une ruelle, San-Micheli apparut

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publié le 16 mai 2014 à 18h06

Depuis lundi, je suivais en Corse le procès de la fusillade de Sartène, qui eut lieu en plein marché sur la place du village en septembre 2010 (Libération de vendredi). Je voulais monter mercredi dîner au village, pour «sentir» la place où cela s'était passé, mais la veille j'avais suivi des compagnons dans une auberge du maquis - j'ai hélas juré de ne pas révéler son nom.

A notre arrivée, un cochon rôtissait dans l’immense cheminée. Le frugal menu était imposé. Une soupe paysanne, un pâté de tête, un autre de foie (tous deux confectionnés avec les abats de l’animal au-dessus de la braise), quelques tranches de jambon, et enfin le cochon fondant avec sa couenne craquante. Une assiette de brucchio, une bouteille de Comte Péraldi, une claque sur le cul et au lit repu.

Du coup, mercredi soir, j’avais décidé de jeûner en montant à Sartène. Mais en repartant de la place Porta où avait eu lieu la fusillade, un petit marchand de vin tenu par une vieille dame, dans une ruelle  (1). Une cave accueillante, la femme me fait goûter un premier vin, me parle de sa famille vigneronne, alors je m’attable, et finis avec une assiette de charcuterie et de fromage de brebis, de son cousin. A l’époque du père de Marie-Dominique, le flanc de la montagne était couvert de vignes, pas encore mangé de villas. Les gens, soupire-t-elle, n’étaient pas gagnés par le goût du luxe, par l’envie d’argent. Quand elle regrettait devant son père qu’ils n’aient pas de beaux vêtements, il lui répondait de