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Libération
Témoignage

«Une chance que nous rentrions dans la case»

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Anne 37 ans, en couple et hétéro, a pu accéder à la PMA légalement, en France.
publié le 5 juin 2014 à 18h36

«J’ai attendu pendant près de six années entre mon mariage et mon premier enfant. Quand, enfin, ma fille est née, en février 2009, je me suis dit : merci la médecine, merci la France, merci les hôpitaux parisiens, merci la Sécu qui a pris en charge tous les frais. J’étais tellement heureuse, après beaucoup de souffrance psychologique, que j’ai failli l’appeler Victoire. Finalement, c’est Esther. Elle ne serait sans doute pas là si on ne nous avait pas proposé, à mon mari et à moi, une technique de fécondation assistée. Une chance. Parce qu’une PMA, c’est souvent un parcours qui se termine par un échec : sans enfant. Une chance aussi parce que nous rentrions dans la case : une femme et un homme. La seule que la France reconnaît, du moins pour l’instant.

«Mon mari et moi avons tous les deux des problèmes de fertilité. On l’a découvert au bout de deux ans et demi. Pour nous permettre de concevoir, on nous a proposé d’avoir recours à une ICSI, une technique qui consiste à injecter un spermatozoïde (soigneusement sélectionné) directement dans l’ovocyte. C’est plus efficace qu’une fécondation in vitro classique, que certains ont osé baptiser «viol de l’ovocyte». Pendant trois ans, j’ai subi des traitements très contraignants, surveillé mes cycles, affronté une grossesse extra-utérine. Ça ne marchait pas, les embryons transférés dans mon utérus ne se développaient pas. Avec mon mari, après chaque échec, on partait en voyage. Nous nous sentions tous les deux coupables de ne pas pouvo