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En finir avec les préjugés pour mieux traiter, goutte que goutte

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publié le 16 juin 2014 à 18h46

C’est l’une des plus vieilles maladies connues au monde, elle fait atrocement mal, et les médecins ont le sentiment d’en mesurer vraiment les contours seulement maintenant. Pourtant les Egyptiens souffraient déjà de la goutte en 2640 avant J.-C., Hippocrate a tenté de la définir, Voltaire, Newton, Darwin et Martin Luther King en étaient atteints. Mais pas qu’eux : parmi ses victimes VIP, on compte aussi une bonne brochette de têtes couronnées dont Charlemagne, Henri IV, Louis XIV et Louis XVIII. Et même un ex-président de la République, qui souffre aujourd’hui de maux semble-t-il encore plus invalidants. Une pathologie de puissants ? C’est la réputation qu’a longtemps eue la goutte. Mais elle est présente aujourd’hui dans les pays en voie de développement et dans la quasi-totalité des pays industriels. 8,5 millions d’Américains et 450 000 Français en souffrent. L’inflammation attaque le plus souvent par le gros orteil, avant de s’en prendre au pied, à la cheville et même plus haut, au point que des patients, n’y tenant plus, en viennent à envisager une amputation, pas du tout préconisée par l’Académie.

La goutte, donc. Une maladie genrée pourrait-on dire, tant elle touche massivement les hommes. Et une maladie de seniors : l'immense majorité des «goutteux» ont soixante-dix ans et plus. Problème, 80% des patients seraient mal soignés, d'après les professeurs Pascal Richette et Thomas Bardin de l'hôpital Lariboisière, qui travaillent en association avec le laboratoire