Allongée sur une table, une stagiaire joue les malades. Elle jette un œil distrait sur le couple aux nez rouges qui tente de capter son attention devant les autres élèves qui regardent. Ils sont une douzaine, en formation pendant cinq mois au Rire médecin (1), une association qui existe depuis vingt-trois ans et forme désormais des clowns capables de jouer à l'hôpital. Un vrai métier pense sa fondatrice, Caroline Simonds, qui voudrait obtenir la certification de «comédien-clown auprès de publics en grande vulnérabilité». L'enjeu principal est de gagner encore en reconnaissance, d'affirmer qu'il ne suffit pas d'enfiler un nez et faire le rigolo pour être clown à l'hôpital. Le référentiel des compétences nécessaires, établi pour la certification, précise les techniques, les connaissances qu'il faut pour faire rire dans des lieux où traînent la souffrance, la mort.
On ne prend jamais assez les clowns au sérieux. A l’hôpital, ils commencent par apprendre les codes médicaux, le fonctionnement des services, les relations qu’entretient le personnel médical, les codes, les hiérarchies, le vocabulaire, dans les principales spécialités. Oncologie, hémato-immunologie, gastro, pneumo, réanimation, soins palliatifs… Le clown doit comprendre les enjeux, pouvoir discuter avec des médecins sans se faire réexpliquer chaque mot, chaque semaine.
Au Rire médecin, ils fonctionnent toujours en duo, interviennent deux fois par semaine dans les services qui les accueillent. La journée commen