On était en train de goûter un délicieux rosé, assemblage de grenache et de cabernet sauvignon, très belle bouche très sapide, lorsque j’ai fait la gaffe. A l’abri d’une tonnelle dans ce piémont cévenol écrasé de chaleur, à deux pas des costières de Nîmes, quelqu’un parlait de chardonnay, j’ai dû dire qu’il faut être abruti pour oser ce cépage dans un coin qui s’y prête si peu, n’en fait que des vins lourdauds.
Luc Lybaert a dit, en souriant et d’une voie douce, qu’il faisait aussi du chardonnay et qu’il aimerait bien me le faire goûter. Gloups ! Il est Belge, il y a dix ans il était kiné et thérapeute naturel à Gand, tout en faisant des reportages pour une confrérie de dégustateurs. Depuis l’enfance, il venait en vacances dans ce coin des Cévennes, où les fêtes votives sont à se damner, mais où je cherchais depuis des années des vignerons dont les vins me plairaient vraiment. Il a fallu qu’ils viennent de Belgique.
Trees, l’épouse de Luc, qui vinifie une partie des cuvées, a versé le chardonnay, cuvée Les Elles 2013. J’ai dû ravaler derechef ma sortie péremptoire. Un blanc plein de fraîcheur, avec un drôle de côté fumé, pierre à fusil. Plus tard, Luc a continué de passer ses vacances avec femme et enfants à Ribautes-les-Tavernes (Gard). Un jour, quelqu’un leur a dit qu’il y avait des vignes à vendre. Ils sont allés visiter, par acquit de conscience. Les parcelles étaient intéressantes, isolées dans la garrigue. Des vieilles vignes, de grenache, de syrah, d’alicante bouschet,