Cela faisait quelques années que Luc et Trees étaient installés dans le Gard lorsque les ennuis sont arrivés. Ils avaient quitté la Belgique pour reprendre quatorze hectares de vignes alors qu'ils étaient comme chaque année en vacances à Ribautes-les-Tavernes. Ce n'était pas leur métier, c'était une folie, une divine parcelle de grenache avait emporté leur décision (Libération des deux derniers week-ends). Les vignes, jusque-là travaillées chimiquement, étaient isolées dans la garrigue, personne autour pour les contaminer une fois la conversion biologique entamée. Le sol était très beau, argilo-calcaire ; l'accueil dans la région, beaucoup moins nourrissant. Les paysans n'aiment guère que des étrangers s'installent «chez eux» et travaillent autrement. Trees et Luc voulaient faire du vin naturellement, on leur a cherché quelques noises, ils ont été signalés aux douanes parce qu'ils indiquaient sur leurs étiquettes le joli nom de Piémont cévenol, autorisé pour l'huile, pour les pélardons, pas pour le vin…
On était toujours sous la tonnelle, à goûter leurs vins. Le soleil tapait dur, le chant des cigales se faisait intense, on sentait à de brefs échanges de regards à quel point l’aventure avait été difficile, mais partagée. Luc s’est levé pour aller chercher la syrah (cuvée Treesor, 15% de grenache). Je regardai les prix des bouteilles, ne les trouvai pas très chères (entre 7 et 17 euros). Trees a souri, m’a demandé de ne pas répéter ça devant son compagnon, qui aimerai