Le monde du champagne est sans doute celui où l'on s'attend le moins à trouver des aventuriers. C'est-à-dire des conquérants qui misent tout sur une idée, lancent les dés sur un tapis où les jeux semblent faits depuis longtemps, et défroquent des habitudes confortables après avoir ressenti ce que l'on pourrait appeler un appel. D'ailleurs, plutôt que de parler de ses bruts, rosés et blancs de blancs, Alexandre Cornot préfère évoquer d'abord le souvenir de ses grands-pères qui avaient cédé à un autre appel, cette fois encore plus audacieux, plus insensé à une époque autrement tragique, celui de quitter «le ronron familial» pour rejoindre la France libre, ce qui leur valut d'être tous deux condamnés à mort par contumace par Vichy. La comparaison est sans doute déplacée, mais à l'heure où les valeurs de résistance sont revendiquées et galvaudées sans vergogne par tant d'artistes, d'intellectuels ou d'hommes politiques, on se demandera si «l'esprit d'aventure» qu'avaient ses aïeux ne s'est pas réincarné dans ce créateur de champagne. Lui-même - fils d'officier, né un peu par accident à Reims (Marne) où son père était en garnison, dans une famille qui comptait à la fois des artistes et des militaires - estime en toute simplicité l'avoir reçu en héritage : «C'est le creuset familial qui nous façonne. Leurs histoires, elles vous influencent forcément.»
Sapé milord. L'aventure de l'héritier, c'est la quête d'une «ma