Bien sûr, il y eut des peaux de vache, comme madame Keramoal rebaptisée «gare au moine», eu égard à son extrême cruauté. Ou madame Naud, qui détestait enseigner aux filles et le faisait clairement savoir. Bien sûr, il y eut aussi les insipides (en nombre) qui n'ont laissé aucune trace dans nos cerveaux d'élèves. Mais une poignée d'entre eux, instituteurs ou professeurs, ont vraiment compté. «Nous savons encore tout de leur voix, de leur regard, de leurs gestes, de leurs vêtements, de leurs manies, le volume exact qu'occupait leur corps dans la salle de classe», écrit Daniel Pennac dans la préface d'Un prof a changé ma vie, de Vincent Remy (1), où le journaliste a demandé à une vingtaine de personnalités de raconter le choc éducatif de leur vie
De la maternelle à la fin du lycée, un écolier croise en moyenne 70 enseignants. Lesquels ont su créer un déclic, une envie, un mieux-être ? Pas forcément les plus coulants mais ceux qui savaient faire fonctionner la courroie de transmission. Et qu’on ne voulait pas décevoir. Pour eux, on était prêt à engloutir tout Kierkegaard, à se passionner pour la reproduction du fucus vésiculeux, tout devenait bon. Ce n’est pas Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Economie, qui nous contredira, lui qui a convolé avec Brigitte Trogneux, son ancienne prof de français, de vingt ans son aînée. A chacun sa Brigitte.
Marie-Françoise, 49 ans, prof de lettres classiques
«Elle s'appelait Emmanuelle. J'étais en 4e et cette prof de latin-grec a changé quelque chose dans ma vie. E