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Interview

«Apprendre à lire, c’est comme changer de logiciel»

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Le chercheur Grégoire Borst cosigne une étude sur les pièges de la lecture.
«La lecture est l’un des apprentissages les plus intensifs auxquels est soumis un enfant.» (Photo Loic Venance. AFP)
publié le 14 septembre 2014 à 17h06

Syllabique, phonétique, globale, mixte… Que de querelles sur la meilleure façon d'apprendre à lire. Avec un petit regain à chaque rentrée, comme en témoigne - entre autres - le dernier petit pavé d'une orthophoniste, Colette Ouzilou, dans la face de l'Education nationale : Dyslexique… vraiment ? Et si l'on soignait l'école. Les méthodes de lecture mises en cause.

Mais, au fond, la méthode est-elle si importante ? Les difficultés (voire les échecs) de certains sont-elles directement imputables aux manuels ? Une étude conduite par les chercheurs de l’historique Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant de la Sorbonne permet de mieux comprendre, au cœur du cerveau, ce qui peut faire trébucher un enfant quand il se lance à la conquête de cette activité exclusivement humaine qu’est la lecture (1). Entretien avec le chercheur Grégoire Borst qui signe ce travail avec Olivier Houdé.

Qu’est-ce qui bloque souvent dans l’apprentissage de la lecture ?

Au début, et parfois longtemps après les premiers apprentissages, on a tendance à confondre les lettres «d» et «b» et les lettres «p» et «q». Cela reste d’ailleurs l’un des gros soucis des enfants que l’on appelle ensuite dyslexiques. Pourquoi est-ce si difficile de distinguer ces lettres ? Parce qu’avant d’apprendre à lire, l’enfant a acquis une autre compétence qui vient là l’entraver : «la généralisation en miroir», qui permet de reconnaître rapidement des objets identiques quelle que soit leur orientation. Par exemple, de reconnaître un stylo, qu’on vous le mont