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A coups de scalpel, la chirurgie esthétique diffuse les critères culturels dominants dans tous les pays et au sein de toutes les classes sociales.
Géographie de la chirurgie esthétique dans le monde (Infographie Idé pour Libération)
publié le 2 octobre 2014 à 19h36

Cléopâtre, reine d'Egypte, aurait-elle eu envie de se refaire le nez ? Nul ne sait si son esthétique proéminente qu'on distingue à peine sur les pièces de monnaie a été un regret pour elle, tant son visage et sa grâce lui offrirent les moyens de séduire jusqu'au général romain César en personne. Car des traités de chirurgie plastique écrits en Inde circulaient déjà à la cour des Ptolémée au Ier siècle avant notre ère. Le nez de la célèbre reine est entré dans l'histoire grâce aux Pensées de Pascal sur la vanité et la misère du monde : Marc Antoine ou Jules César ne seraient peut-être pas tombés amoureux et «la face du monde en eût été changée». Possible. On appelle cela de nos jours l'effet papillon…

Désormais que la chirurgie esthétique ressemble à une banale consultation médicale, nos Cléopâtre ou généraux romains d'aujourd'hui, sans changer la face du monde, veulent plutôt sauver la leur. Ou croire qu'ils maîtrisent mieux leur destin en offrant une meilleure image d'eux-mêmes. Mais de quelle image parle-t-on ? Celle de la silhouette des poupées Barbie et des balèzes en couverture de Men's Health ? Celle que promène dans les aéroports internationaux, sur les greens de golf et dans les palaces du monde une jet-set starisée ayant adopté les correctifs culturels contre la vulgarité, le chic contre le naturel, la parure contre le dépouillement ? L'invasion des images, le narcissisme (pas seulement celui des selfies), l'exhibition d