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Libération

Se mettre à l’Ayze au coin du «Feu»

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publié le 17 octobre 2014 à 17h26

C’était à la fin des vacances. On avait prêté l’appartement à un ami amateur de bons vins. Riche idée que nous avions eue : il en avait laissé partout. Sur la table de la cuisine, sur le four, rangées dans le frigo : des bouteilles soigneusement choisies, folie délicate, attentive. Quelques soirs plus tard, avec des copains, on a attaqué un premier magnum mystérieux. La cuvée «Le Feu» 2011 de Dominique Belluard, un vin de Savoie-Ayze, en face du mont Blanc. Tout le monde a succombé. Un vin minéral, légèrement fumé, salin, presque iodé, avec des arômes de fleurs blanches, d’agrumes donnant une belle fraîcheur que prolongeaient la tension et une légère amertume à la fin. C’était équilibré, dynamique.

Dominique Belluard a repris le domaine familial. Une dizaine d'hectares en légère altitude (460 mètres) au pied des montagnes, avec une forte pente, une exposition idéale (Sud-Est). Pour «Le Feu», un seul cépage, que l'on ne trouve que dans cette appellation d'Ayze : le gringet, un lointain cousin de l'altesse. Il n'en reste plus qu'une vingtaine d'hectares, dont la moitié chez Belluard, qui cultive sur un sol chargé d'éboulis calcaires, de sédiments d'anciens glaciers, d'argiles ferreuses. Un terroir très particulier, qu'il restait à exprimer dans le vin. Pour cela, le garçon a converti le domaine en biodynamie. Profiter au mieux de ce que l'on trouve dans le sol, «faire le lien entre terre et cosmos», dit-il. L'enjeu est surtout de respecter ce qu'il y a de vivant, dans