Jeudi, 10 heures du matin, dans un quartier chic de la capitale autrichienne. Le square impeccable du parc Liechtenstein est investi d'une kyrielle de trentenaires affairées. Sur un parterre de feuilles mortes, elles mouchent les nez morveux, alignent les pâtés et courent après leurs têtes blondes. «C'est qu'avant trois ans, un enfant a besoin de tisser des liens forts avec sa maman», sermonne Anna Hageri, 36 ans, une employée de banque en congé maternité, flanquée de ses deux fils, âgés de deux ans et demi et quatre mois.
Prince charmant. Comme elle, les deux tiers des Autrichiennes s'arrêtent de travailler pendant trois ans, dès l'arrivée de leur premier enfant, et quel que soit leur milieu social ou leur niveau d'éducation. Un record européen. Et un chiffre en constante augmentation. «Oui, je sais qu'en France les femmes laissent leurs enfants à la crèche dès trois mois pour retourner au bureau, mais moi, je trouve ça vraiment monstrueux», s'indigne la Viennoise en parka fluo, qui a un niveau bac +5 et affiche un air fermé. La Française, hier célébrée pour sa liberté et sa féminité, est devenue, selon Anna, un repoussoir.
Désormais, le rêve de 55% des Autrichiennes âgées entre 18 et 25 ans est simple comme un bon Charles Perrault : trouver leur prince charmant. Comprendre un homme, évidemment beau et attentionné, mais surtout qui gagnerait suffisamment bien sa vie pour leur permettre de rester à la maison. «Plus qu