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Libération

Le chant des artisans

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publié le 7 novembre 2014 à 18h26

L’équation était simple. Il était tard, on avait faim, envie de bien manger, de boire du bon vin, chez un cuisinier-artisan. Direction Sushiqui, resto que tient tout seul un ancien urbaniste devenu cuisinier, autant par passion que par dépit face au sort réservé à son métier dans les quartiers Nord de Marseille. Il travaille lentement, il ne faut pas être trop pressé, ça tombait bien, Ce soir-là, huîtres de Carteau avec du vrai wasabi, du yuzu, une belle huile d’olive, de la cébette, le tout à avaler d’un trait, pour que l’explosion soit parfaite, stimulante comme un jet de vodka. Puis une raie au beurre de miso, un filet de pélamide, poisson envoûtant à la chair goûteuse et ferme, servi avec wasabi et huile d’olive encore, œufs de poisson volant, colatura (sorte de Nuoc-mâm d’anchois) et une très gracieuse burrata italienne. Le mariage était diabolique.

Christian ne propose généralement que deux vins, un rouge et un blanc, qui changent régulièrement. Cette fois, il voulait me faire goûter à l’aveugle le blanc. Les yeux fermés, j’ai pensé à plein de choses délicieuses, et très fort à du macabeu. C’était un 100% sauvignon, récolté en côtes-de-duras, terres huguenotes du Lot-et-Garonne. Aucune des caractéristiques habituelles du sauvignon. Pas d’arômes de pipi de chat. Un vin ample, gras, puissant, mûr, avec des notes de fleurs blanches. Il se mariait divinement avec les sortilèges du cuisinier.

Marie-Christine Morin s'est installée à Loubès-Bernac voilà une dizaine d'années, po