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Les canards veillent au grain de riz

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A Saint-Gilles, Bernard Pujol cultive ses rizières avec des mulards en guise de désherbant. Une technique bio venue du Japon.
Dans les rizières de Bernard Pujol, le 1er novembre . (Photo Olivier Metzger)
publié le 14 novembre 2014 à 17h06

Le soleil décline, rougit une rizière où des mulards plongent leur bec pour dénicher germes et insectes. Leur nasillement léger se mêle aux coassements lents des grenouilles, berce une fin de journée camarguaise. Bernard Pujol marche lentement. A chaque pas, ses bottes se libèrent de la terre dans un suçon moelleux. Il est riziculteur, a entrepris depuis quelques années de se débarrasser des mauvaises herbes avec l’aide de canards. Il produit un riz délicieux, puis vend les volailles dont quelques grands chefs raffolent.

Il était régisseur d'un très grand domaine camarguais, faisait «un peu de bio par opportunité», avant de s'installer seul à Saint-Gilles (Gard), sur une soixantaine d'hectares, dont une quinzaine dédiée au riz, au gré des rotations de cultures. Un jour, son fils, compagnon tailleur de pierre, rentre du Japon et lui parle d'une technique découverte là-bas : dans certaines rizières, des paysans utilisent des canards contre les mauvaises herbes. Cela donne une double activité, un peu moins de travail, et beaucoup moins de chimie dans les terres. «Je me suis dit : "Quand même, je suis pas plus couillon qu'un Japonais"», résume le riziculteur.

Avant de planter son riz, il met toujours deux années de luzerne, sur laquelle il laisse ses moutons paître, puis une saison de blé, pour la diversité. Moissonné en juillet, le blé libère la terre très tôt, très chaude, il ne reste que le chaume, que l’on détruit en travaillant le sol, pour l’aérer et le nou