«On a constaté ces dernières années un net infléchissement en matière de redoublement. Je m’en félicite. Car on fait souvent redoubler pour de mauvaises raisons. L’élève en difficulté renvoie un miroir désagréable à l’institution, qui considère que la maîtrise du programme est incontournable. En toute bonne foi, l’équipe pédagogique se dit : cet élève ne peut pas passer en première. Avec une moyenne de 6/20 en maths et de 8 en français, comment s’en sortirait-il ? Or, le redoublement engendre un sentiment d’échec, un découragement, souvent plus fort que l’impulsion attendue.
«Le problème est que l’on confond la note avec le niveau. Alors qu’elle ne le reflète pas. Faire passer un élève qui a de mauvaises notes relève d’un pari. Mais, en France, on n’a pas cette culture du pari sur la réussite, on a plutôt une culture de constat d’échec.
«Beaucoup d'élèves ne se sont pas mis suffisamment au travail en seconde. Au Microlycée 93 [établissement situé au Bourget destiné aux décrocheurs, ndlr], on voit des jeunes qui ont redoublé et qui décrochent, multipliant les absences, avec même des trimestres blancs. On les prend alors en première littéraire - nous n'avons pas de seconde -, et certains obtiennent leur bac avec mention. Ils ont des ressources en eux qui se révèlent, des motivations et une maturité qui peuvent compenser. Mais tout cela est inaudible dans une école qui promeut la ligne droite. En même temps, on voit apparaître ces derniers temps une doxa antiredoublement