Les images défilent. Un immense bûcher, alimenté par des mains anonymes qui y jettent livre après livre, déroule ses flammes dans une nuit d’encre. Nous sommes le 6 mai 1933 et tous les ouvrages de l’immense collection de l’Institut pour la recherche sexuelle, fondée à Berlin dans les années 20 par Magnus Hirschfeld, pionnier de la recherche en sexologie, rejoignent l’autodafé de l’idéologie nazie. On s’était pourtant pointée à l’exposition «The Institute of Sexology», au Wellcome Institute à Londres, comme les milliers de visiteurs qui s’y pressent depuis quelques jours : légèrement émoustillée et curieuse.
Dans une vitrine, des mini-figurines de porcelaine japonaise se livrent, dénudées, à des contorsions intéressantes et parfois fort compliquées, qui nous déconcertent un peu plus. Avant que la vision d’une ceinture de chasteté et d’un anneau de fer à l’intérieur hérissé de petites pointes - supposé, une fois installé (encastré ?) sur un pénis, prévenir toute pollution nocturne - nous suggère une prudente retraite.
Orgone. Mais c'était sans compter sur le guide qui, avec un sourire narquois, nous invite alors à entrer dans une drôle de boîte en bois, dont l'intérieur est couvert de métal. Il s'agit du célèbre «orgone accumulateur» imaginé dans les années 40 par le psychanalyste autrichien Wilhelm Reich. Sa théorie était qu'un peu de temps passé dans cette boîte permettait de libérer son énergie sexuelle interne. Le mieux, selon lui, étai