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Libération
Interview

«L’accumulation est un pouvoir, un signe de réussite sociale»

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Rencontre avec Valérie Guillard, qui a dirigé un ouvrage collectif sur le stockage compulsif.
Les Français ont reçu en moyenne huit cadeaux chacun à Noël. (Photo Alain Jocard. AFP)
publié le 25 décembre 2014 à 17h36

On s'est empiffrés comme des empaffés. On s'est rués sur les cadeaux (huit en moyenne par Français) dont on a délacé les rubans avec un soupir d'aise. Hum, encore un objet. Encore de quoi assouvir notre inextinguible soif d'accumulation. Car oui, nous avons beau patauger dans la crise économique, rien ne semble limiter notre appétit d'amonceler, quitte à en passer par le marché en pleine expansion de l'occasion. Et qu'importent les discours ambiants qui louent à l'envi le développement durable, le tri, le recyclage, le partage (covoiturage, partage d'outils, couchsurfing…) on s'échine encore à acquérir jusqu'à plus soif. Même à l'heure du numérique et de la dématérialisation, on en redemande. Mais pourquoi ce besoin de jouer les petits cochons stockeurs ? C'est ce que tente d'analyser un ouvrage collectif qui convie la sociologie, l'anthropologie, l'histoire… Intitulée Boulimie d'objets : l'être et l'avoir dans nos sociétés, cette somme tombe à pic en cette période encore plus orgiaque que d'ordinaire.

Entretien avec Valérie Guillard, 40 ans, maître de conférences à l'université Paris-Dauphine, spécialiste en marketing et déjà auteure en 2013 de Garder à tout prix : décryptage d'une tendance très tendance, qui a dirigé cet ouvrage.

Sommes-nous à ce point devenus des accumulateurs ?

Observez votre lieu de vie, vos placards, vos caves… Ils sont remplis d’objets. On les oublie car chacun a sa place, mais il suffit d’un déménagement ou d’un emménagement avec une autre personne pour mesurer à quel point nous accum