Avant la rencontre avec le doctissime spécimen adolescent auteure de cette bible, une collègue chébran a glissé dans notre besace cette interrogation existentielle : peut-on encore dire «chanmé» ? «Non merci», a tranché l'intéressée, intraitable. Quid du «swag» ? «Les gens qui disent swag, je les dénigre, je les bannis, c'est pas mes amis», répond Violette Duplessier (l'adolescence frôle parfois la dictature). Trois heures de colle pour quiconque oserait nous traiter de «has been». Avoir de l'allure de nos jours se dit donc être «frais», «stylé». Les plus séduisant(e)s sont qualifiés de «peufra», verlan de «frappe», employé dans le langage militaire pour évoquer l'envoi de bombes. Vous l'avez ?
Les mecs craquants et un brin mauvais garçons (oui, on est restés québlo dans Hélène et les garçons) sont, pour leur part, des «bandidos», allusion, semble-t-il, au gang de bikers texans. Ce qu'on découvre là, c'est du «fat» (ça envoie du lourd). Alors pour fêter ça, «on s'enjaille» ? Selon le Robert, qui vient d'intégrer ce verbe venu de Côte-d'Ivoire et dérivé du enjoy anglais («Il a trahi en passant dans le dico, de l'autre côté», s'amuse David Kuhn), il s'agit là de «s'amuser, faire la fête». Variante : «On va se casser le crâne.» «Mais rien à voir avec l'alcool», jure Violette Duplessier.
Cas pratique :
«Téma le bandido trop frais de 3e C, il envoie du fat.» («Observe le bellâtre scolarisé en troisième C, il est absolument charmant.»)