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Libération
C’est quoi le bonheur ? (11/15)

Christophe Jarreau : «Le bonheur prend des formes inattendues et dangereuses»

C'est quoi le bonheur ?dossier
Tout l’été, ils se relaient pour nous donner leur définition. Ce lundi, le producteur Christophe Jarreau reprend le flambeau de Jean-François Julian avant de le transmettre à Anne-Laure Engelhard.
A nice, en décembre 2015. (Photo Valery Hache. AFP)
par Christophe Jarreau
publié le 20 août 2017 à 17h06

«Cher Jean-François, tu me demandes quelques mots sur le bonheur. Je repense à certains moments passés ensemble. Un souvenir en amène un autre. Beaucoup de choses hétérogènes. C’est agréable. Je rêvasse et je n’avance pas. Je pose la question à ma fille Jeanne (17 ans), qui passe dans la cuisine. Elle se demande ce qui m’arrive tout d’un coup. Elle a peu de temps. Elle n’a plus que deux jours pour revoir son rôle dans la pièce de théâtre qu’elle doit jouer au lycée. On se met à parler de ça et on oublie ma question. Je pourrais en rester à ce bonheur-là.

Je me souviens, il y a quelques années, tu voulais faire un film inspiré des Pensées de Pascal. Je t'en propose une pour l'occasion : "Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser."

A quoi m'invites-tu à penser avec toi ? Et si le bonheur ne résistait pas au commentaire ? Je feuillette Libé. Pas grand-chose à ajouter. Les horreurs succèdent aux scènes de liesse. Je pose mentalement la question aux photos. Les signes de bonheur ne manquent pas et c'est troublant. Grand portrait de Donald Trump. Mélanie doit faire la gueule en arrière-plan. Il a l'air comblé. Je préférerais pas. De combien de gens va-t-il pourrir la vie ?

Le bonheur prend des formes inattendues et dangereuses. Jusqu’où peut-il résister ? Que peut-il détruire ? Tout est si fragile.

Mon bonheur dépend du tien. L’été dernier, tu as fait une photo de Valérie et moi, avec les enfants, sur la plage de l’Almanarre. Nous sommes tous les cinq, dos à la mer et au soleil, dans le vent, face à toi, magnifiques et joyeux. Merci d’avoir saisi cet instant, il est accroché dans le salon. Je ne sais pas ce que vaut la poursuite du bonheur, mais l’amour change tout. Est-ce de cela dont tu voulais parler ?

Je passe le témoin à mon amie Anne-Laure Engelhard qui a toujours des trouvailles stimulantes.»