La chanteuse Angèle a eu la surprise, dimanche, de constater qu’Instagram masque le hashtag #lesbians. Après nos confrères de Numérama, nous avons fait le test lundi. Le message affiché indique ceci : «Les publications pour #lesbians ont été limitées, car la communauté Instagram a signalé du contenu susceptible de ne pas respecter ses règles.» Son usage au singulier (#lesbian) ne pose aucun problème.
Quelle conclusion en tirer ? Il est possible que l’algorithme de modération soit un adepte du théorème Hortefeux qui dit ceci : «Il en faut toujours un[e]. Quand il y en a un[e], ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.» L’incompréhension grandit, en constatant qu’en français, #lesbiennes et #lesbienne sont accessibles. En espagnol #lesbiana… ça passe, #lesbianas… ça casse.
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Tentons une autre théorie absurde : les cerveaux derrière l’algorithme ont suivi une formation sur les discriminations LGBTQIA+. Ils ont constaté que les pluriels mènent aux généralisations. A rendre compréhensible l’incompréhensible, on devient aussi cryptique que les régulateurs. Instagram a plaidé, mercredi, la méprise. « Le hashtag a été masqué par erreur, et nous l’avons rétabli dès que nous avons été alertés ».
Au diable les spécificités locales
Première certitude, qu’apporte une enquête du New York Times qui dévoile les «règles de modération» de Facebook (propriétaire d’Instagram) : l’optimisme n’est pas de mise. On y apprend que les modérateurs sont frustrés du manque de temps et de recul face au contexte des publications sur lesquelles ils doivent trancher. Les traductions se font sur Google Traduction. Au diable les spécificités locales. Chaque mardi, les règles sont discutées et un PowerPoint est envoyé aux 7 000 modérateurs dans le monde qui sont, pour beaucoup, des sous-traitants.
Autre certitude : sur Insta, une femme a plus de chances d’être censurée. Les militantes féministes se plaignent régulièrement de la suppression de leurs contenus. Les femmes en surpoids qui posent nues (en cachant leurs seins) aussi. En octobre dernier, Instagram s’est «engagé» à moins les censurer. On se souvient du sort qu’a connu, la même année, Barbara Butch voulant poster la une de Télérama sur laquelle elle posait nue.
Cette notion de "changement de forme de seins" me paraît complètement absurde et impossible à respecter quand on a une poitrine volumineuse. Mais bon, gardons les doigts souples. https://t.co/UkMRekopnv
— Lucie Ronfaut (@LucieRonfaut) October 28, 2020
Ailleurs, ce n’est pas mieux. Twitter a provoqué un tollé et s’est excusé la semaine dernière, après avoir supprimé les comptes de militantes qui se demandaient comment mettre fin aux viols.