«Les ordinateurs et les machines qu'ils contrôlent peuvent réaliser des prouesses, avoir l'air extrêmement intelligents et même susciter notre affection. Mais, aussi doués qu'ils puissent devenir, j'ai toujours pensé qu'ils ne pourraient pas remplacer les médecins… Jusqu'à aujourd'hui.» On est en 2010, et l'ophtalmologue qui introduit ainsi l'éditorial de sa gazette, l'Ophthalmology Times, vient de découvrir l'existence d'un logiciel capable de détecter des anomalies dans des photographies de la rétine avec d'aussi bons résultats que les ophtalmologues. Il surnomme cet algorithme Retinator dans un amusant parallèle avec le film Terminator, où «les machines se révèlent plus intelligentes et plus fortes que les humains».
Contrairement à nombre de ses confrères, le praticien n’a pas peur de laisser son job aux mains des robots. Il y voit au contraire la promesse d’une médecine plus humaine, qui laisserait aux «machines» les basses besognes d’analyse pour que les médecins puissent consacrer leur temps et leurs compétences aux patients.
C'est exactement la raison qui a motivé le docteur Michael Abramoff à concevoir son Retinator: il désespérait de voir «combien de temps il passait à chercher des rétinopathies diabétiques chez des patients sains, pendant que d'autres perdaient la vue en attendant des mois d'être diagnostiqués». La rétinopathie diabétique est une affection oculaire courante chez les personnes souffrant de diabète, et donc surveillée de près – en France, la Haute Autorité de santé recommande un dépistage tous les ans. Cela représente des milliers d'heures d'examens systématiques et d'analyses à la chaîne pour les ophtalmologues. Michael Abramoff s'est donc attelé à développer un logiciel qui abattrait le travail à sa place…