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Libération
Reportage

Savoir prendre son thon

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Au départ de Camaret, embarquement pour une campagne de pêche à l'ancienne. Cinq jours de mer à bord d'un vieux gréement entre farniente et gros poissons.
publié le 26 septembre 2003 à 1h08

D'emblée, que deux choses soient claires. Un : je n'ai pas vomi. Deux : la pêche, une cinquantaine de thons, n'a pas été miraculeuse. Comme l'a dit Jean, le maître de pêche, «le temps aura été avec nous, le poisson aura pas». La faute à pas de chance, à la canicule, qu'importe : La Belle-Etoile, avec son ventre dodu et ses voiles couleur rouille typiques des vieux gréements, n'a pas vocation à concurrencer la flotte espagnole. Juste d'emmener des «pêchous» là où ils ne sont jamais allés (loin), pêcher pendant cinq jours ce qu'ils n'ont jamais pêché (des thons), sur un bateau qui fait rêver : si La Belle-Etoile n'a qu'une dizaine d'années (elle a été construite à l'occasion du rassemblement de vieux gréements à Brest en 1992), elle est la réplique d'un langoustier camarétois de la grande époque. 18,88 mètres de «bois d'arbre», comme dirait l'autre pour exprimer son admiration devant le grand mât verni, la voûte arrière toute blanche, la barre si lourde.

Arrivée sur zone. Sur le quai de Camaret, au moment de l'appareillage, des gens avec des caméscopes sur le ventre me font coucou. A moins que ce ne soit à André, Daniel, Jacques, Jean, Jean-François, Joël ou Philippe. Il est 19 heures et Gérard, le capitaine, Emeric et Lucie, les deux membres de l'équipage, réclament des bras pour hisser la grand-voile, la trinquette et le dundee. La trinquette, c'est à l'avant. Le dundee à l'arrière. Va pour la grand-voile. Philippe, un bon quintal et des mollets pas gros comm