De drôles d'oiseaux nichent à côté de notre colonie. D'habitude, une fois la nuit tombée, nous sommes enfin seuls sur l'îlot, avec certes la marmaille et une flopée de volatiles isolés. Sur le banc d'Arguin, beau banc de sable émergeant juste à l'entrée du bassin d'Arcachon, les hommes n'ont pas le droit de bivouaquer. N'est-ce pas précisément pour assurer notre tranquillité que le site est classé réserve naturelle depuis 1972 ? Pourtant, en juillet et en août, voilà qu'ils sont trois à jouer les Robinson, virevoltant dans les parages de jour comme de nuit.
Ils débarquent par bateau tous les quinze jours et se planquent dans une cabane aux allures de coquille d'oeuf. Leur migration n'est pas bien claire : certains sont originaires de Bordeaux, d'autres de l'est ou du sud de la France, voire de l'étranger. Surtout, bien qu'il y ait filles et garçons et qu'ils soient tous majeurs, ils ne semblent pas venir ici dans le même but que nous : se reproduire. Non, disons plutôt qu'ils ont l'ambition de nous prendre sous leurs ailes. Ces «bénévoles», comme on les surnomme, veillent sur nos ébats et surveillent les vacanciers.
Ils soignent également notre image, guidant les curieux vers la petite exposition qui nous est consacrée sous une seconde coquille ou répondant aux questions diverses et peu variées. Si la plupart ne nous ont jamais vus avant d'échouer sur le banc, ils apprennent vite la chanson. C'est toujours la même ritournelle : lassé par les baignades et le soleil, un touriste