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Libération
Egypte

Le désert aux fantômes de craie

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A cinq heures de route du Caire, plongée dans le désert blanc. Un paysage lunaire parsemé de champignons de calcaire rongés par le sable et le vent depuis la nuit des temps.
(Dominique escartin / in l’Egypte intime)
publié le 30 janvier 2008 à 6h00

Première découverte : le silence n’existe pas. Il n’y a qu’à écouter le désert pour le savoir. Il crisse, siffle ou chante, au gré du vent qui décroche les grains de sable, les fait ricocher sur le relief, et fouetter la peau. La voiture, elle, est arrêtée depuis un moment, abritée dans un relief. Le vrombissement du 4 x 4, ses cahots sur les aspérités de la piste, ne sont plus qu’un écho lointain au fond des oreilles.

Assis par terre, le regard au loin, les doigts dessinant tout seuls des arabesques sableuses, le touriste en prise pour la première fois avec le désert a bien conscience du cliché qu’il offre au Bédouin qui l’accompagne. Une icône zen, parfaite incarnation du citadin perdu en contemplation, du stressé en quête de sérénité. Peu importent les poncifs, pourvu qu’il y ait l’ivresse. Et pour ça, pas besoin de passer plusieurs jours à grimper des dunes : elle est déjà bien là, cette étourdissante sensation de plénitude.

Ardoises noires

Un peu plus tôt dans l’après-midi, le 4 x 4 quittait Bawiti, le plus grand des huit villages de l’oasis de Bahariya, bourg pépiant et poussiéreux campé à l’orée du désert libyque. Après cinq heures de route asphaltée depuis Le Caire, cinq heures d’ennui, le long de dunes sales, et un seul arrêt dans un hangar perdu en bord de goudron, Bawiti a des allures de paradis perdu. Avec ses sources d’eau chaude, c’est une oasis prospère. Une belle palmeraie s’étend à ses pieds, une mine de fer, toujours en activité, fait vivre un