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Libération
Vercors

Un bijou en or blanc massif

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Des vallons provençaux à l’hiver des hauts plateaux... Raquettes aux pieds et l’âme d’un trappeur, traversée en six jours de la plus grande réserve naturelle de France.
par François Carrel, Grenoble, de notre correspondant.
publié le 28 février 2008 à 6h00

Hier, nous étions pourtant encore en Provence… Depuis la gare drômoise de Die, point de départ de notre traversée du Vercors, nous avions longé sous un pâle soleil champs de lavande, bâtisses méridionales et vignes endormies, avant de nous tourner plein nord, vers les falaises à peine enneigées du Vercors. Retrouvant lacets après lacets, pas à pas, le souffle et la lente allure du marcheur enfouis au fond de nous, nous nous étions élevés jusqu’à la crête.

Bien sûr, nous avions déjà dû chausser nos raquettes pour pouvoir progresser sur les dernières pentes chargées de neige fraîche. Bien sûr, Alain Lenfant, notre accompagnateur en montagne, nous avait signalé les volutes de neige arrachées pas le vent au faîte de la haute falaise voisine. Autant de signes qui auraient du nous alerter : nous entrions en montagne. Mais les vallons paisibles du Diois, derrière nous, nous laissaient croire à la douceur d’un Vercors provençal.

Et puis ce matin, c’est la tempête de neige. Au départ de notre auberge de Vassieux-en-Vercors, en ligne derrière notre guide, nous subissons le vent de face. Il nous jette la neige au visage. C’est glacial, douloureux, aveuglant. Bientôt, nous sommes trempés. Par une météo pareille, il aurait mieux valu rester au chaud, mais pas question aujourd’hui : nous sommes en itinérance, on nous attend ce soir dans un autre gîte, plus loin. Il faut y aller. On se blinde, toutes capuches remontées, pour faire abstraction des morsures de la tempête.

Moments d’introspectio