Il était une fois dans les marmites de la rivière Sioule, une ogresse qui se baignait dans du sang de nouveau-nés pour conserver jeunesse et beauté. Non loin de là, au fin fond d'un bois profond, le loup de Bascobert et dame Croque-mitaine tuaient le temps en jouant aux osselets avec les restes des petits enfants. Au nord-ouest du Puy-de-Dôme, d'antiques fées hantent les forêts, les cours d'eau, les rochers. Nous sommes au pays des Combrailles. Un plateau granitique soulevé et déchiré par l'activité volcanique. Ici les collines ondulent, langoureuses, entre bocages et pâturages, déchiquetées çà et là de failles profondes et mystérieuses. Tout au fond de la vallée serpente la Sioule, ponctuée de cuviers, ces trous d'eau creusés par le courant. Dans ce territoire reculé, les légendes ont perduré. Elles trouvent leurs origines dans ces vallons impénétrables, propices aux songes et aux angoisses. De nos jours, la région est boisée comme au Moyen Age. Après la Seconde Guerre mondiale, les habitants sont partis. A Clermont-Ferrand, ils ont trouvé l'eau courante, l'électricité, du travail chez Michelin. La nature a regagné ses droits sur les parcelles cultivées. L'homme ne passait plus. La végétation est revenue. L'horizon s'est refermé en forêts de feuillus et de sévères conifères. On peut sans peine imaginer l'effroi des villageois perdus sur les chemins sinueux à la tombée de la nuit.
Rouge sang. Sorcellerie, sources sacrées ou saints rochers. Renée Coupat organise des randonnées