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Libération
Reportage

Voyage Salton Sea, la mer fantôme

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Née d’une erreur humaine, cette « mer » artificielle plantée dans le désert californien a, un temps, été fréquentée par la jet-set hollywoodienne. Mais l’excès de sel a brûlé la faune et la flore. Aujourd’hui, au milieu des motels et des marinas abandonnés, excentriques de tous poils et retraités en caravanes veulent encore profiter de ce paradis perdu.
publié le 27 septembre 2008 à 14h38

Ça pourrait être un pélican normal. Gracile. Sauf qu'il a une pince à linge sur le « nez ». Tout l'esprit de Salton Sea sur un panneau de l'Office du tourisme qui ne nie plus une image qui a fini par le dépasser. Il est vrai que l'odeur d'une mer interne en train de mourir, c'est particulier. Et c'est ce qui est en train d'arriver à la Salton Sea, 97 000 hectares incongrus d'eau salée en plein désert californien, à -69 m d'altitude et à deux heures à l'Est de San Diego, ex-place to be du tout-Hollywood dans les années 60, devenue aimant à freaks de tout poil. Un autre panneau sur la seule aire d'accueil autour de la mer proclame « Attack Of The Killer Salinity ! », façon parodie de film de zombies, pour expliquer comment la salinité de l'eau a entraîné faune et flore dans un ballet morbide. Décès de milliers de poissons au Nord, sanctuaire pour oiseaux rares au Sud. « Un coin parfois fatal, souvent diabolisé, étrangement superbe, et juste bizarre », selon le National Geographic. Très tentant, donc. D'autant qu'en faire le tour par la route est jouable en deux jours. Design rétro-futuriste.

Sur la lunaire plage de North Shore, le premier pied posé à terre, très Neil Armstrong, croustille sous la semelle. En guise de sable, des millions de carapaces de berniques enserrent une incroyable marina abandonnée, piquée d’un ancien yacht-club au design fifties rétro-futuriste, tout en alu. Il est signé de l’architecte Albert Frey, inventeur du « desert modernism » cher à Palm