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Japon

Dans la bulle manga

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Grandes destinationsdossier
A Tokyo, le quartier d’Akihabara est devenu le repaire des fans de mangas. On y passe de gigantesques librairies en salons de lectures cosy et en cafés dédiés au genre où se retrouvent ceux qui aiment se déguiser en héros de BD. Mais là comme dans les musées de la ville ou de Kyoto, la maîtrise du japonais est précieuse.
( Justin Doub / Flickr)
publié le 25 octobre 2008 à 18h29

La serveuse affiche un large sourire sous ses oreilles de lapin. « Je l'ai fait avec mon cœur », dit-elle en posant devant nous un chocolat chaud qui se révélera sans saveur. Toute de rose vêtue, la jupe archi-mini et les poches chargées de peluches, elle joint ses deux mains, plie les doigts pour former un coeur, et entame un mouvement de balancier entre sa poitrine et la tasse. Elle répète en japonais : « Allez, avec moi, je l'ai fait avec mon coeur ... »

Le nôtre s’affole soudain: pas de doute, la demoiselle souhaite que l’on partage ses mimiques. Déboussolé, on jette un coup d’oeil à droite. Une autre lolita acidulée tape joyeusement des mains avec deux habitués. On tourne la tête. Sur la scène, une troisième, affublée d’un ado ébahi, envoie des baisers à un Polaroïd. Serions-nous sur l’Ile aux enfants ? En franchissant un peu plus tôt la porte de ce Maid Café, ainsi dénommé car les employées sont déguisées en soubrettes (maids en anglais), on s’attendait, au choix, à l’érotisme subtil de gamines jouant les geishas ou à la magie d’un Disneyland exotique. Rien de tout ça : nous voici planté au milieu d’une sage cour de récréation où la moyenne d’âge dépasse allègrement la majorité.

Akihabara, quartier branché de Tokyo, n’a pas fini d’étonner l’occidental peu rodé aux coutumes locales. Immenses tours multicolores, lumières flashy, foule dense et bigarrée. La « ville électrique » des années 60-70, où le Tokyoïte vient se fournir en machine à laver, PC ou sèche-cheveu