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contes et légendes

A Oman, dans le sillage de l’encens

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Sous le soleil exactementdossier
Au Dhofar, dans le sud du sultanat d’Oman, le «Boswellia sacra» produit une gomme qui ensorcela pharaons, rois et empereurs pendant des millénaires. Visite d’une terre de légendes.
publié le 6 mars 2009 à 6h00

Il y a de la tendresse dans les gestes d’Ali. Il papillonne autour de l’arbre, tâte puis caresse ses branches joufflues. Délicatement, il enlève la fine peau qui recouvre ses ramifications, dévoilant une écorce grise, ultime rempart vers la précieuse sève. Ali Ahmed Bakit est Jebali, un montagnard, issu d’une famille qui vit encore en partie de l’encens. Coiffé d’un turban bleu marine, le regard pétillant, il parle en souriant. «Une légende tribale raconte que de petits serpents volants, aux couleurs vives, protègent nos arbres. Ils crachent du feu pour éloigner les malfaisants».

Le Boswellia sacra ou arbre à encens représente pour lui une source de revenu, un lien indéfectible avec sa famille et le sentiment de participer à une histoire qui fut mythique. L’arbre pousse naturellement dans la région du Dhofar, au sud du sultanat d’Oman, à proximité du Yémen. Sur les pentes escarpées des montagnes côtières ou sur les plateaux arides et pierreux de l’intérieur des terres, il produit une résine aromatique légendaire qui valait le prix de l’or dans l’Antiquité. Dans la vallée désertique du Wadi Dawkah, baignée d’une lumière orangée, Ali contemple l’arbre. Graphique et généreux, il déploie des branches sinueuses qui se contorsionnent depuis un tronc très court. Les ombres portées dessinent des arabesques sur le sol.

Chaque année, de mars à août, Ali vient aider ses parents et cousins à collecter la résine. A l’aide d’un couteau traditionnel avec un manche en bois, le manghaf, une pr