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Les mondes engloutis

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Au début des années 1960, l’homme s’imagine vivre au fond de l’océan. Quelque cinquante ans plus tard, seule la science a investi les fonds marins.
(damien chauzel)
publié le 16 juillet 2009 à 6h53
(mis à jour le 18 décembre 2013 à 15h06)

Comment s'appelleront les habitants de la Terre au XXIe siècle ? Les Meriens. Telle était du moins la conviction fort répandue dans ces années 60 qu'inquiétait l'explosion démographique. La Terre est surpeuplée ? Habitons la mer. Et la réalité semblait rattraper la fiction. En 1962, sort le film d'anticipation The Underwater City. Ce navet gentillet fait sourire. Trois ans plus tard, Jacques-Yves Cousteau rafle un oscar pour un documentaire, le Monde sans soleil, qui raconte le mois passé par cinq hommes dans une maison sous-marine construite en mer Rouge. En dépit d'accusations - pas infondées - de bidonnage de certaines séquences, le public découvre, stupéfait, que l'on peut bel et bien vivre sous la mer. Sur les planches à dessin des urbanistes, commencent à fleurir les plans des futures villes sous-marines.

A l’époque, la colonisation des fonds marins passe pour aussi imminente que celle de l’espace. Aux exploits des cosmonautes soviétiques répondent ceux des «aquanautes» américains dans leurs maisons sous la mer. Et si la France n’a pas encore de spationautes, elle a ses «océanautes», selon le terme forgé par notre commandant Cousteau national. Le Gagarine des océans s’appelle Robert Stenuit. Une expédition américaine l’envoie passer vingt-six heures, le 6 septembre 1962, dans un cylindre d’aluminium par 60 mètres de fond. Quelques jours plus tard, deux membres de l’équipe Cousteau vivent une semaine par 10 mètres de fond.

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