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Libération
Royaume Uni

Oxford, au pays d’Alice

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C’est à Christ Church, au bord de la Tamise, que Charles Dodgson, alias Lewis Carroll, rencontre et photographie Alice Liddell avant d’écrire pour elle le célèbre conte de la littérature enfantine.
(drumminhands )
publié le 7 septembre 2009 à 17h04

Le hameau de Binsey est niché dans les bois, près de la Tamise. Derrière l’église, un puits très ancien où scintille un rond parfait. Bruit de clapotis, eau qui vacille: en s’approchant bien, il n’est pas impossible de voir une petite fille tomber, lentement, de l’autre côté du miroir. Il y a bien longtemps, Alice Liddell a joué autour de ce puits, malgré les interdictions d’une gouvernante au nom sévère – miss Prickett – originaire de Binsey. Alice y a même emmené son ami Charles Dodgson, de vingt ans son aîné. Charles a sans doute raconté à la petite fille que, depuis le Moyen Age, le puits de Binsey était magique, que ses eaux guérissaient les malades venus de la ville d’Oxford.

Mais lorsqu’il écrit Alice au pays des merveilles sous le nom de plume de Lewis Carroll, Dodgson laisse une ombre sur les eaux. Le puits, où la fillette passe dans le monde enchanté, est aussi un lieu sinistre. Un loir psychotique l’explique dans le conte, une tasse de thé à la main : «Il était une fois trois petites sœurs. Elsie, Lacie (anagramme d’Alice), et Tracie. Et elles habitaient au fond d’un puits. Elles se nourrissaient de mélasse.» Alice lui répond, étonnée : «Elles n’ont pu faire ça. Elles auraient été malades.» Le loir conclut: «C’est ce qu’elles ont été. Très malades.»

L’histoire débute comme une légende, sur les bords de la Tamise, non loin de Binsey. Le 4 juillet 1862, Charles Dodgson et un ami remontent le fleuve avec, dans leur barque, Alice Liddell et ses deux sœurs. «Je peux m’en