Quatre points verts phosphorescents trouent l’obscurité: ce n’est pas la moindre surprise de cette nuit particulière, à 4800 mètres d’altitude et à l’exact milieu du monde. Ce sont deux renards, en quête des restes laissés par les prétendants à l’ascension du Cotopaxi, le plus haut volcan en activité de l’Equateur. Avec ces 5890 mètres d’altitude, ce cône sombre nappé d’un coulis de neige nourrit nos rêves depuis des mois, et notre impatience depuis qu’on a posé les pieds dans ce pays entre Colombie et Pérou… On l’a admiré ces jours derniers en roulant sur la Panamarican ou en grimpant l’Illiniza, volcan voisin et plus modeste. Mais ce soir, le Cotopaxi se cache, étreint dans une mer de brume. Les bourrasques de vent sont si vives qu’on s’engouffre vite dans le refuge…
Angoisse. 20 heures. Après la soupe au quinoa et les spaghetti aux champignons, il suffit de s'allonger pour que doutes et peurs fassent la sarabande. Chaussettes et moufles suffiront-elles pour affronter le froid au-delà des 5000 mètres ? Crampons, chaussures et piolet, tout a été soigneusement vérifié avec les guides équatoriens. Mais résistera-t-on à sept heures, au moins, de marche sur glacier ? Et au mal des montagnes, le redoutable «soroche» ? Déjà, le sang bat vivement dans les tempes, le souffle est bien trop rapide pour quelqu'un d'immobile. Sans parler des intestins qui gargouillent et de la tête prise en étau. On avale deux aspirines…
Minuit. Les rafales de vent frapp