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Libération

Petit Tibet dans le Valais

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Longtemps isolée, la vallée du Lötschental ne s’ouvre que peu à peu au reste du monde. Un écrin de nature à la drôle de culture.
Mardi Gras, le jour des Tschäggätä dans le Lötschental. Ils représentent les esprits des morts et punissent les avares, les volages, les vachers qui négligent leur troupeau... Photo FRILET Patrick / Hemis via AFP (Patrick Frilet/Hemis. AFP)
par Romain MEYNIER
publié le 20 octobre 2009 à 0h00
(mis à jour le 31 mai 2025 à 8h43)

Alors qu’un glacier vient d’engloutir le petit village de Blatten, nous republions le reportage réalisé dans la vallée du Lötschental il y a seize ans pour un de nos suppléments Voyages.

Son nom est un défi à l’orthographe, sa situation géographique un défi à l’humanité. Perché entre 1500 et 2000 mètres d’altitude au cœur des Alpes suisses dans le canton du Valais, le Lötschental fut longtemps coupé du monde dès les premières neiges de l’hiver. Une vallée si isolée, qu’on dit que le Moyen Age y perdura jusqu’à l’aube du XXe siècle, jusqu’à ce qu’arrive le train reliant la Suisse allemande au Valais via le tunnel du Lötschberg.

Le Lötschental, la «vallée secrète» en dialecte alémanique, ce n’est qu’une poignée de villages, semés le long de la rivière Lonza. Des maisons basses en bois brûlé, certaines bâties dès le XVIIe siècle, toutes serrées autour d’une église massive, en pierre celle-ci. A l’est de ces bicoques, on creuse une fenêtre. S’y échappent vers le levant les âmes des défunts disent les mystiques; on y tire les renards préfèrent les pragmatiques. Enfin, comme dans toutes les vallées de Suisse grimpe un remonte-pente, sacro-saint sacrifice aux pistes que dévale à ski le monde d’aujourd’hui. Une fois passé Blatten, le dernier hameau habité à l’année, ne restent que les alpages, recouverts de neige l’hiver et de bétail l’été, les forêts de mélèzes et les sauvages paysages.

Bons sauvages. En 1916, quand une des premières caméras vint s’égarer ici, elle capt