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Libération

«Intranquille» en Algérie

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Après un retour aux racines douloureux, le photographe Bruno Boudjelal parcourt son pays d’origine, à la recherche de ceux qui espèrent.
publié le 31 octobre 2009 à 0h00

Le 3 février 2003, dix ans après avoir découvert l'Algérie, Bruno Boudjelal décide d'y retourner. Il a toujours «cette boule au creux du ventre», mais il se sent «plus déterminé, plus volontaire». Presque apaisé. Derrière lui, sa quête identitaire et sa famille paternelle enfin retrouvée dans un village de la région de Sétif, où il est accueilli comme un fils prodigue par les «youyous» de femmes en pleurs, lui, Bruno Boudjelal, né le 26 août 1961 à Montreuil (Seine-Saint-Denis), d'une mère française et d'un père algérien soucieux d'effacer ses origines.

Devenu photographe, Boudjelal a erré telle une ombre dans la mémoire de cette tribu brisée, une partie des siens respirant dans un pays dont le cœur ne bat plus et qui ne cesse de compter ses morts, ses disparus, ses torturés, ses déplacés, ses exilés. Ces souvenirs-là sont fixés en noir et blanc, et les photographies tanguent parfois, comme si Boudjelal coulait en silence. Trop de douleur.

Lorsqu'il repart en 2003, Boudjelal est en quête d'une autre Algérie, «plus éloignée de mes racines» et de sa propre histoire. Il n'a rien oublié, ni le visage de son grand-père Amar, ni les ninjas (surnom des policiers d'élite encagoulés) qui l'avaient fouillé à la gare d'El-Harrach en 1993, ni les horreurs des années noires. Son but est d'aller d'est en ouest, de la frontière tunisienne à la frontière marocaine, à la rencontre des autres. Ceux qui «ont su résister à la barbarie et aux ténèbres».