Entrer dans la dernière sculpture d'Andy Goldsworthy ? Facile. Enfin… Il faut d'abord se taper une bonne grimpette dans les montagnes autour de Digne-les-Bains. Heureusement, le paysage est beau. Puis on pénètre dans son tout nouveau Refuge d'art, baptisé l'église de La Forest, qui s'élève là où il n'y avait plus que ruines, et c'est spectaculaire : on n'y voit rien. Le noir total. Ah bravo ! Tous ces kilomètres pour ça ? Non, attendez. L'œil s'habitue à l'obscurité, et là, au fond, on distingue un puits de lumière vertical, qui éclaire une alcôve de pierres sculptées. On s'approche.
On peut entrer, s'y tenir debout, toucher, crier, y passer la nuit si ça nous chante. D'ailleurs, on peut chanter, aussi. On est dans l'œuvre, Goldsworthy aussi, qui caresse la pierre. «C'est un choc», dit-il. Positif. Il est malin, l'Anglais. Dans un autre Refuge d'art, la chapelle Sainte-Madeleine, il a fait exactement l'inverse : le refuge est éclairé, la sculpture, similaire, dans le noir. Ainsi, les œuvres se répondent de loin en loin. Mais entre-temps, il faut crapahuter.
«On se croit au Maroc»
Pas de quoi gêner cette jeune fille suisse, qui vient de passer cinq jours sur l'itinéraire : «Je n'avais jamais vu de l'art fait avec de la nature. Ça m'a beaucoup impressionnée», dit-elle. Les onze randonneurs de son groupe ont découvert une «région grandiose, inattendue, à couper le souffle». Quatre-vingt-dix kilomètres, cinq à six heures de marche quotidienne. «C'est impressionnan